Sale temps pour les forces américaines au Moyen-Orient. Un parlementaire irakien a laissé entendre que les États-Unis examinaient avec la Jordanie le transfert vers ce pays des soldats américains qui devraient quitter l’Irak. Mais ce n’est pas tout. Les récentes évolutions, dont la guerre des Onze Jours de la Résistance palestinienne face au régime israélien, semblent avoir changé la donne dans la région, faisant effectivement échouer les accords d’Abraham censés accélérer la normalisation entre des États arabes et Israël.
D’autre part, l’approche héritée de l’ère Trump consistant à fournir à Israël une soi-disant profondeur stratégique dans le golfe Persique, a elle aussi échoué, le régime israélien étant obligé de nier la possession de ces cargos frappés dans ce littoral. Il est donc normal que les États-Unis veuillent réactiver un axe Jordanie-Égypte-Israël, un projet que le site DEBKAfile, proche du Renseignement militaire israélien, confirme en publiant depuis quelques semaines l’actualité sur les tractations entre les responsables israéliens et jordaniens. Le régime israélien pourra-t-il sauver sa peau, avec le déménagement organisé de sa zone d’agissements vers la Méditerranée avec l’appui des Américains ? Quoi qu’il en soit, la médiation américaine a déjà échoué à faire aboutir les accords de normalisation entre Israël et les États arabes et cette question fait toujours beaucoup d’encre auprès des médias du monde arabe.
Le journal en ligne Rai al-Youm énumérant sept raisons a examiné l’échec de l’accord d’Abraham, dont se vantaient Donald Trump et son gendre Jared Kouchner, accord qui est maintenant sur le point de s’effondrer en moins d’un an après sa signature.
La première raison est liée à la fermeture du fonds d’investissement régional, appelé Fonds Abraham que Trump avait créé avec des investissements américano-émiratis pour financer des projets de normalisation avec le régime sioniste.
La deuxième raison réside dans les récents propos du ministre des Affaires étrangères omanais la veille de sa visite à Riyad. Dans une interview avec le journal Asharq Al-Awsat, le ministre des Affaires étrangères d’Oman, Sayyid Badr ben Hamad ben Hamood Al-Busaidi, a déclaré que son pays ne serait pas le troisième pays du golfe Persique à normaliser ses relations avec le régime sioniste, et que Mascate soutenait la solution à deux États pour résoudre le conflit israélo-palestinien et la mise en œuvre des résolutions internationales.
La troisième raison est enracinée dans le manque de respect de la nouvelle administration américaine dirigée par Joe Biden par rapport aux promesses de l’ancienne administration américaine envers le Maroc et le Soudan, y compris la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental et les investissements au Soudan.
La quatrième raison s’articule autour de l’indignation populaire généralisée dans la plupart des pays qui ont signé l’accord d’Abraham sous la pression des États-Unis. Concernant le Soudan, ce pays a connu des manifestations de masse contre la normalisation des relations avec Israël, et l’ambassadeur d’Israël au Maroc séjourne toujours dans un hôtel parce que personne n’est disposé à lui louer une maison ou à lui offrir un siège pour son ambassade.
La cinquième raison concerne la position du Soudan et de Bahreïn qui ont voté en faveur de la résolution de l’ONU appelant à l’ouverture d’une enquête internationale sur les crimes de guerre israélienne dans la récente guerre contre la bande de Gaza, une mesure qui a bien choqué le régime sioniste.
La sixième raison se résume dans les tensions dans les relations entre les deux premiers pays confirmant cet accord. Le premier était les Émirats arabes unis qui l’ont signé et le second était l’Arabie saoudite qui était sur le point de le signer. Rappelons en passant que plusieurs personnalités marquantes des pays du golfe Persique ont demandé l'expulsion des EAU du Conseil de coopération du golfe persique, reprochant à Abou Dhabi ses politiques divisionnistes. Quant à Bahreïn, ses dirigeants ne savent pas encore de quel côté se ranger. Bahreïn doute qu’il se range du la partie émiratie qui a noué des relations avec le régime sioniste, ou la partie saoudienne, qui a établi de bonnes relations avec le Qatar et est en train de se rapprocher d’Oman.
Pour la septième raison, il convient de noter la décision de Joe Biden de retirer toutes les troupes américaines d’Afghanistan, ainsi que huit systèmes antimissiles Patriot et THAAD de quatre pays à savoir : l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Koweït et l’Irak, le transfert de forces terrestres et d’équipements lourds américains de la base d’al-Sailiya au Qatar vers la Jordanie dans le cadre d’un plan visant à se concentrer sur l’Asie de l’Est et à contrer la puissance croissante de la Chine est une autre décision de Biden qui a eu un impact négatif sur l’accord d’Abraham.
« L’opération Épée de Qods au cours de laquelle 4000 missiles et roquettes ont été tirés sur les territoires occupés a joué un rôle clé dans l’échec de l’accord d’Abraham », conclut le journal.